Quelques notes de Nathalie Quintane.
Extraits d’un texte de 2005 :
Parce qu’elle est toujours physique et symbolique, la coupe touche le corps comme un texte. « Merci de votre compréhension » indique le carton posé au pied de deux jambes debout tranchées net. Comprendre, c’est ici prendre en pitié et tenter de saisir ce que serait le contraire d’un cul-de-jatte. En retour (et puisque l’écrit, chez Alain Rivière, prolonge le dessin par d’autres moyens et qu’inversement, le dessin prolonge l’écrit), le texte est lui-même amputé, coupé, gauchi. Dans Hubris le « secteur philosophie » s’interrompt brutalement à droite, comme raté par l’imprimeur, et ces fins de lignes manquantes sont pour beaucoup dans l’humour de la page. Dans le schéma consciencieux proposé à la page « Politique« , une syllabe a disparu: « De la prostitution globale » devient « De la prostition globale », ce qui ne veut plus dire grand chose.
Hubris est une sorte de vaste métaplasme : les mots sont rayés, rajoutés, supprimés, réduits, tout semble avoir besoin d’une bonne rectification, tout veut être rectifié et pourtant tout s’affirme dans une emphase paradoxalement très réservée quant à son devenir-majesté -ainsi, au « secteur poésie« , le mot « âme » est barré et remplacé par « ami« , écrit au-dessus en tout petit ; le poème est par ailleurs une curieuse tentative de déclaration d’amour où l’allusion réitérée à la décapitation (« où roulera entre vos escarpins ma tête saoûle « , « OH! que roule ma tête« ) ne semble apparaître que pour la couleur locale ou l’ambiance Marie-Antoinette (« escarpins« , « éternel porteur de thé, canard LAQUAIS« , etc).